La négociation a toujours fait partie de la vie des êtres humains et ce depuis la naissance de notre espèce.
Négocier un territoire à l’ère préhistorique était déjà en soi une négociation. Combien de négociations ont échoué entre les indiens d’Amérique, pourtant originaires de leur terre, avec les pionniers venant colonisés cette terre nouvelle ?
Catherine de Médicis, qui concilia huit guerres de religion et inspira l’édit de Nantes, incarne les vertus de la médiation : elle a su accompagner les belligérants pour définir les termes d’un terrain d’entente mais ne l’a pas fait à leur place, « car l’autonomie et la responsabilisation permettent de trouver des solutions durables aux problèmes ».
Analyser l’histoire à travers les rapports de force est usuel. Étudier l’autre versant, à savoir l’art de la paix, est moins courant. Pourtant, les traités de paix ont eu dans l’histoire une influence bien plus grande que bien des batailles militaires. La négociation, au sommet de son art, a le pouvoir de changer le tournant de l’histoire.
Jusque dans les années 1970, négocier se faisait dans la force, de manière brutale. Regardez les jeux olympiques de Munich dans les années 70, 11 athlètes furent tués après l’échec des négociations menées par la police allemande. Un vrai fiasco.
Tout bascula le 4 OCTOBRE 1971 à la suite d’un des innombrables détournement d’avion aux ETATS UNIS. Face aux morts inutiles, pour la négociation un nouveau chapitre s’ouvra. Il fallait amener diplomatie, préparation mentale, tenir compte des demandes de la partie adverse.
En réalité, la négociation est un acte sage, rempli de raison. Par sa créativité, elle renforce les liens durablement malgré les conflits. Pour l’écrasante majorité, le conflit fait peur et nous tentons de l’éviter. Trop de personnes restent sur une analyse encore trop binaire : passage en force ou compromis ? Mais cette solution n’est satisfaisante pour personne ni en termes d’intérêts ni en termes relationnels.
C’est la négociation qui a permis les grandes avancées de ces dernières années : droit de vote donné aux femmes, droit à l’IVG, droit aux 5 semaines de congés payés, et je pourrais écrire des pages et des pages pour vous donner tant d’autres exemples. La négociation influence le monde des affaires comme la sphère privée. Elle a ce pouvoir Universelle. La qualité des échanges entre travailleurs et syndicats c’est encore elle.
Un manager doit se plier sans cesse à une activité : celle de négocier !! Et, croyez-moi, il a intérêt à y exceller, car sa tâche est de gérer au mieux un dilemme perpétuel, celui qui consiste à maximiser les profits de son entreprise, tout en minimisant les risques.
La négociation se révèle essentielle, également, pour lutter contre les inégalités dans un monde du travail en mutation, où des ajustements s’imposent chaque jour.
Nous ne vivons pas dans un monde statique. L’évolution des technologies n’a jamais été aussi rapide, avec son lot de personnes laissées sur le bord de la route.
La négociation est là également pour aider les relations entre les êtres humains.
Vous me croyez trop idéaliste ? Je ne le pense pas. J’ai toujours été profondément convaincue que la négociation avait le pouvoir de changer le monde.
Négocier c’est investir. Dans un monde institutionnalisé et normé, la négociation détient les clefs d’un trésor, celui de la confiance mutuelle, fondation nécessaire à toute relation humaine de qualité.
Négocier c’est avancer ensemble, c’est insuffler l’espoir au monde entie